• OPALE

    Opale, un nom qu’il m’a donné le jour où il m’a trouvée. Je ne sais pourquoi, mon père adoptif étant décédé, il me serait difficile de découvrir son intention. Aujourd’hui, il faut bien avouer que ce n’est plus mon principal souci.

    Il serait d’ailleurs bon que j’arrête de tergiverser et que je me décide ; dois-je faire face à mes ennemis ? Ou bien faut-il que je m’enfuie ? D’ailleurs si je fuie, où fuir ? Me rendre ? Non… cela ne me ressemblerai pas. Combien sont-ils ? Pas plus d’une dizaine je pense… Avancer un peu plus loin, que je prenne de l’avance. Là, après l’arbre, un ruisseau, je vais pouvoir me désaltérer. Mince ma robe… accrochée… espérons que ce petit bout de tissu ne les mettra pas sur ma trace. Prendre garde à l’endroit où je mets les pieds ; ce n’est pas le moment de me blesser. Je ne me suis jamais aventurée aussi loin sur les terres de chasse du Roy. Par où dois-je me diriger ? Réfléchis, Opale, réfléchis.

    Du bruit, qu’est ce que ? Les voila ?! Non, Non ! Pas déjà ?! Comment se fait-il que je n’aie vu personne arriver ?! Un son, juste derrière moi… pitié… Me voilà bien…

    Que s’est-il passé ? Ma tête… Les traitres, ils m’ont assommée, ligotée, où suis-je ? Un cachot visiblement, la pierre suintante m’en donne l’impression. D’un côté, la décision fut simple à prendre, d’un autre, la situation n’est pas des plus plaisantes. J’aimerai vraiment savoir ce qu’ils me veulent, ce qu’ils me reprochent. Qu’ai-je donc fait, que me reprochent-ils si ce n’est mon apparence ? Et ces liens me blessent ! Non, je ne geindrai pas, je ne leur ferai pas ce plaisir. Mais quand même… Hein ? Que se passe-t-il ? Une sensation de chaleur là où les liens me meurtrissent les poignets. Libre ? Qui est là ? J’ai beau tâtonner autour de moi, je ne perçois personne.

    Pas le temps de me poser des questions, tout à l’heure – combien de temps au fait ? – cela m’a valu de me faire prendre. La sortie, trouver la sortie, je veux de l’air, je… Cette lumière… on dirait… on dirait bien qu’elle émane de moi ! Suis-je en train de brûler ? Est-ce qu’on ne m’a libérée que pour me traiter comme une sorcière ? Etrange, je ne ressens aucune douleur, la douce chaleur qui émane de moi aurait plutôt tendance à me soulager. Que suis-je ? Du calme, surtout, du calme.
    Je n’avais pas perçu ce trou dans le mur en cherchant tout à l’heure, cette étrange lumière que je produis me servira au moins à voir où je pose les pieds. Je tourne en rond là, c’est immense. Comment pourrais-je retrouver mon chemin ? Bon, je m’assois quelques instants, il faut que je réfléchisse à la situation. Des hommes au blason inconnu (ce n’était ni celui du Roy ni un de ses alliés) m’ont prise en chasse à la fin de l’enterrement ; ils m’ont assommée et transportée ici ; dans quel but ? Que me veulent-ils ? Cette marque que père m’a demandé de cacher à jamais a-t-elle un rapport avec mon enfermement ? […] Qu’est-ce ? Je les entends qui reviennent. Plutôt que de leur sauter dessus, je vais attendre de savoir ce qu’ils me veulent.


    Bastien guidait son groupe du donjon à la chapelle en passant par la salle de banquet. Les visiteurs appréciaient tous la promenade sur les remparts ; agrémentée de ses récits de batailles. Après, il ferait ce qu’il aimait le plus, il les guiderait dans les sous-sols. Lieux de tous les mythes, prisons et salles de torture y jouxtaient de grandes réserves. On avait déblayé un chemin menant à la surface, pour sauver les seigneurs en cas de siège. Un petit ruisseau, à présent asséché, traversait les souterrains et surtout, ceux-ci n’étaient pas finis d’explorer. Chacun en appréciait le mystère, lui le premier. Passionné d’histoire il avait trouvé dans ce job, une aubaine qui lui permettait de faire chaque jour de nouvelles découvertes.

    « Par ici messieurs-dames, suivez-moi, s’il vous plait » autant de phrases qu’il répétait machinalement, jour après jour ; ça et la tenue ridicule qu’il portait – les guides étaient vêtus à la façon de fous du Roi – étaient les principaux défauts de son travail. Mais aujourd’hui, lui qui rêvait de changement, allait être servi ; à peine arrivé dans les sous sols il s’arrêta net. Il y avait de la lumière. Pourtant, à cette heure, seul son groupe aurait dû s’y trouver. Il reprit la visite mine de rien pour ne pas faire paniquer les visiteurs et, prudemment, il les emmena loin de sa source. Pour éviter les interrogations, Bastien expliqua à ses touristes sur le ton de la confidence, qu’un spectacle « sons et lumières » était en préparation ; il leur demandait donc la plus grande discrétion. Elle semblait chatoyer, sombre, aux reflets multicolores, semblable à une aurore boréale. La fin de la visite se rapprochant, il raccompagna son groupe à la sortie, prit un sac à dos contenant son équipement de survie, mis un panonceau « risques d’éboulements » sur la porte des catacombes, puis il s’avança.


    Les sons s’éloignent, un seul homme parle, pourtant au bruit, ils semblent nombreux. Probablement leur chef. Je n’arrive pas à entendre ce qu’ils racontent ; peut-être parlent-ils de moi, de ce qu’ils vont me faire subir. J’ai beau essayer de ne pas trembler, j’ai peur. Et cette faim qui me tenaille… J’ai incroyablement faim, autant que si on m’avait laissée là plusieurs jours. Ils s’éloignent, je n’entends plus rien… Revenez ! J’ai besoin de réponses ! Je veux savoir ! Revenez !

    Ah ? Oui, du bruit à nouveau, très léger. Et cette fois, il se rapproche, un seul pas, je, je discerne quelque chose. Qu’est ce… Quelle est cette diablerie ? Une lumière mouvante, étincelante, on dirait qu’elle sort d’un bâton. Où suis-je ? Serait-ce quelque repaire de sorcières ? Une forme s’approche, un homme, un … un… bouffon ?
    Il parait aussi étonné que moi de me trouver ici.


    Après maintes déambulations, Bastien arriva à la source de lumière ; celle-ci s’était amoindrie au fur et à mesure de son approche, comme pour l’y guider. Là, il découvrit une jeune femme d’une pâleur extrême, on devinait ses veines à travers sa peau, comme si elle n’avait jamais vu le soleil… Ses grands yeux sombres le fixaient sans faillir ; ils exprimaient la volonté de leur propriétaire, avec, toutefois, une trace d’anxiété. A force de les regarder, il crût s’y perdre ; de grands yeux noirs, irisés de mille feux, semblables à la lumière qui l’avait guidé ici. Ses longs cheveux bleus ciels (non, pas « ciel », « eau » plutôt) attirèrent son regard, il essayait d’ailleurs, par politesse, de se focaliser sur son visage, la femme n’ayant que son abondante chevelure pour tout habit.

     

    Ce texte est un éventuel début de nouvelle, il ne me manque que la motivation, le temps et... l'inspiration!


  • Commentaires

    1
    Lucidia
    Samedi 16 Août 2008 à 21:55
    Coucou Yunette! J'aime bien ce texte. La double narration donne une belle dimension au récit. La suittttte! ^^
    2
    aneth
    Jeudi 18 Septembre 2008 à 16:11
    Chouette idée, j'attends la suite !
    3
    LAMY sanspseudo
    Lundi 10 Novembre 2008 à 12:47
    Début de nouvelle, premier chapitre d'un roman, etc... : nous sommes bien tous les mêmes !

    Oui, mais quand franchir le pas ?
    4
    Yunette Profil de Yunette
    Lundi 10 Novembre 2008 à 16:17
    il existe une suite... Il n'y a plus de double narration...

    qui veut m'écrive!
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